Quand les mots pansent les plaies : soirée littéraire autour de la résilience
- Admin LCF
- 14 mai
- 3 min de lecture
Une parenthèse de littérature et d’émotion
Notre cercle de lecture "La Bulle" s’est réuni une nouvelle fois autour d’un thème aussi vaste qu’intime : la résilience.
Sous l’impulsion de Christelle, voix chaleureuse et passionnée, les participantes – venues d’Eskişehir, Istanbul, Izmir, Kars, et même d'Aix-en-Provence – ont exploré les territoires fragiles et puissants du traumatisme et de la guérison à travers les mots d’autrices et auteurs contemporains.
Une traversée littéraire
1. Ouvrir avec douceur : Rupi Kaur
La séance s’est ouverte sur un poème de Rupi Kaur, poétesse canadienne, icône des “instapoètes”. Dans Le Soleil et ses Fleurs, elle évoque avec force et simplicité la capacité à se relever, à se reconstruire. Sans ponctuation, sans majuscule, ses vers laissent place à l’émotion brute. Une mise en bouche poétique pour amorcer la soirée.
2. Philosopher avec Charles Pépin : vivre avec son passé
Avec son essai Vivre avec son passé, le philosophe Charles Pépin nous propose une autre voie : ne pas fuir le passé, mais le recréer, le réinterpréter. Sa "récapitulation créatrice" invite à voir dans les souvenirs douloureux une matière vivante, transformable. Le public découvre un auteur accessible, rigoureux mais profondément humain.
Une idée forte émerge : la vraie libération ne passe pas par l’oubli, mais par l’acceptation et la réappropriation.
3. La fiction comme miroir de l’âme
Gaël Faye est au cœur de cette exploration avec deux romans puissants :
Petit Pays (2016) – une enfance douce au Burundi, brisée par la guerre. Une narration à hauteur d’enfant, à la fois naïve et poignante.
Jacaranda (2024) – l’histoire d’un fils en quête de sa mère et de son pays, le Rwanda. À travers le silence, la transmission, le deuil, il interroge les non-dits et les mémoires traumatiques.
Gaël Faye est autant poète que conteur. Son écriture musicale, fine, a ému toutes les participantes. Plusieurs ont témoigné de lectures marquantes, d’attachements forts à ses personnages.
4. Triste Tigre, ou la colère d’une mémoire vive
C’est peut-être le moment le plus intense de la soirée : la découverte (ou redécouverte) de Neige Sinno et de son récit Triste Tigre, lauréat du Goncourt Turquie 2024.
Elle y relate l’inceste qu’elle a subi de 7 à 14 ans. Mais refuse catégoriquement qu’on l’appelle "résiliente". Pour elle, ce mot est une injonction silencieuse à guérir, à rentrer dans le rang, à vivre "normalement" après l’horreur.
À la manière d’un scalpel, Neige Sinno dissèque, avec une justesse saisissante, les mécanismes du silence, de l’abandon social, et de la reconstruction imparfaite. Un texte radical, courageux, essentiel.
5. Résilience collective et poésie paysanne : Sandrine Collette
Avec Madeleine avant l’aube, Sandrine Collette propose une autre forme de résilience : collective, féminine, ancrée dans la terre. Dans un monde paysan intemporel et dur, surgit Madeleine, petite fille sauvage, libre et ardente. Elle vient troubler un ordre injuste, résigné, et bousculer les lignes.
Ce roman très sensoriel, glaçant de réalisme, mais porteur d’une lueur d’humanité est lauréat du Prix Choix de Goncourt de la Turquie 2025.
Des échanges riches, un souffle collectif
Au fil de la soirée, les participantes ont échangé lectures, impressions, souvenirs personnels. Vanessa Springora et Le Consentement ont été évoqués, tout comme les enjeux du silence dans les sociétés patriarcales.
Certaines participantes ont découvert des livres, d’autres ont partagé des expériences vécues dans d’autres clubs, ou à travers leurs lectures à l’Institut français ou dans leurs bibliothèques locales.
Et ensuite ?
La soirée s’est terminée sur une promesse : se retrouver le 4 juin pour une session plus légère, tout en finesse et humour, avec Amélie Nothomb et Fabrice Caro au programme. L’émotion fera place au rire – mais toujours avec la littérature comme guide.
Christelle a promis comme toujours un support PDF complet, des extraits, des liens vers des podcasts et des suggestions de lecture complémentaires. Un geste généreux, fidèle à l’esprit de La Bulle.
Pourquoi "La Bulle" compte
Parce qu’elle offre un refuge, un moment suspendu, un espace de parole, d’écoute, de partage.Parce qu’elle relie les territoires, de la France à la Turquie.Parce qu’elle prouve que les mots, lus à voix haute, peuvent réconforter, élever, inspirer.
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Un immense merci à toutes les participantes pour leur présence et leur confiance.
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