La Francophonie en Turquie : Racines historiques et héritage éducatif
- Admin LCF
- 15 juin
- 2 min de lecture
Dernière mise à jour : 22 juin
La Turquie entretient avec la langue française une relation singulière qui remonte à plusieurs siècles.
Le français a longtemps été la langue de l’élite, de la diplomatie, du savoir, mais aussi un pilier de la francophonie dans la région.
Cet article vous invite à découvrir les racines historiques de la communauté francophone en Turquie, en particulier à travers le prisme de l’enseignement et des échanges culturels.

L’Empire ottoman et l’ouverture à l’Occident
Dès le XVIIIe siècle, l’Empire ottoman intensifie ses relations avec les puissances européennes, notamment la France.
Ce rapprochement diplomatique s’appuie sur des bases anciennes, notamment le Traité des Capitulations, signé dès 1536 et renforcé au XVIIe siècle.
Ces accords favorisent les échanges commerciaux et échanges culturels, et ouvrent la voie à une forte présence française dans les villes ottomanes.
C’est dans ce contexte que le français devient progressivement la langue privilégiée des élites ottomanes : il est utilisé dans la diplomatie, le commerce, la médecine et l’armée.
Cette adoption n’est pas seulement politique ; elle s’ancre également dans l’éducation, avec l’arrivée de congrégations religieuses françaises comme les Lazaristes, les Frères des Écoles Chrétiennes et les Sœurs de Saint-Joseph.
Ces congrégations ouvrent des écoles francophones à Istanbul, Izmir et dans d’autres grandes villes, attirant aussi bien les minorités (Arméniens, Grecs, Juifs) que les familles musulmanes aisées.
Ces établissements deviennent des pôles dynamiques de l’apprentissage du français.
Le français au cœur des réformes ottomanes
Le mouvement des réformes Tanzimat (1839-1876), visant à moderniser l’Empire, renforce encore l’influence du modèle éducatif occidental. L’enseignement de la langue française devient central dans les écoles modernes, notamment dans des matières scientifiques, administratives ou juridiques.
En 1868, la fondation du lycée Galatasaray marque un tournant. Issu d’un accord entre Napoléon III et le sultan Abdülaziz, ce lycée élitiste incarne la coopération franco-ottomane.
Il forme les futures élites administratives dans un esprit de bilinguisme turco-français, et représente une synthèse réussie entre modernité occidentale et traditions ottomanes, contribuant à ancrer la culture française dans l’espace éducatif turc.
La République et la continuité de la francophonie
Après la proclamation de la République en 1923, Mustafa Kemal Atatürk lance une politique de réforme linguistique et d’unification nationale. Le turc devient la langue unique de l’administration et de l’éducation. Pourtant, malgré ce virage nationaliste, le français conserve un prestige culturel fort, notamment dans les cercles intellectuels et chez les élites, perpétuant la vivacité de la communauté francophone.
Les écoles francophones continuent de fonctionner, souvent intégrées dans le système éducatif turc tout en gardant leur programme bilingue. Jusqu’aux années 1980, le français demeure la première langue étrangère enseignée dans les lycées d’élite.
En 1992, la création de l’Université Galatasaray vient confirmer la place de la langue française dans l’enseignement supérieur turc. Ce projet, fruit d’une coopération bilatérale avec la France, renforce les ponts entre les deux pays à travers des initiatives académiques, des échanges culturels et des événements francophones.
Ce lien entre la Turquie et la francophonie, vivant et nourri depuis des siècles, témoigne de la capacité de la culture française à dialoguer avec d'autres mondes.
Aujourd’hui encore, les événements francophones organisés en Turquie, les programmes d’apprentissage du français, ainsi que l’engagement d’une communauté francophone dynamique, participent à faire rayonner cette tradition partagée.
Marie-Rose KORO
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Très bien rédigé ! Merci beaucoup ! 👍👏🥰
Très instructif 👍
Merci, très interressant