Turquie, joyau touristique à la croisée des chemins
- Admin LCF

- 20 juil.
- 3 min de lecture

Il fut un temps pas si lointain où la Turquie brillait parmi les destinations les plus convoitées du globe. Des plages dorées d’Antalya aux splendeurs ottomanes d’Istanbul, le pays offrait une mosaïque d’expériences à des millions de visiteurs venus des quatre coins du monde. Mais cette saison estivale 2025 marque un tournant inattendu – une inflexion que ni les professionnels du secteur ni les autorités ne peuvent ignorer.
Une ascension fulgurante... jusqu’à récemment
En 2023, la Turquie avait accueilli plus de 56 millions de visiteurs étrangers, se hissant fièrement à la 4ᵉ place du classement mondial des destinations touristiques, juste derrière la France, l’Espagne et les États-Unis. C’était là le fruit d’une stratégie bien menée, conjuguée à une richesse culturelle inégalable, une hospitalité légendaire et un rapport qualité-prix alors imbattable.
Le tourisme domestique, quant à lui, reste une composante vitale de l’économie touristique turque, représentant environ 35 à 40 % de la fréquentation totale selon les données officielles. Les familles turques affectionnent particulièrement la région d’Egée et la mer Noire pour leurs vacances.
Mais derrière ces chiffres encourageants se dessine aujourd’hui une réalité plus nuancée.
2025 : La saison du recul
La saison estivale actuelle révèle une baisse sensible de la fréquentation. En mai 2025, la Turquie a enregistré une chute de 1,81 % du nombre total de touristes par rapport à l’an passé. Ce chiffre global masque des disparités préoccupantes : les touristes allemands ont diminué de 18,1 %, les Russes de 5,2 %, et les visiteurs suisses et scandinaves montrent également une nette désaffection.
Pourquoi une telle volte-face ? Plusieurs causes s’entrecroisent, mais deux ressortent avec une acuité particulière.
Explosion des prix
Les coûts des séjours se sont envolés. Désormais, cinq jours pour une famille à Antalya ou Bodrum peuvent atteindre jusqu’à 230.000 TL ( près de 5.000 €), soit plus du double du tarif moyen pour une destination similaire en Grèce. Cette flambée s’explique en partie par l’explosion des charges d’exploitation (énergie, approvisionnement, salaires indexés sur l’inflation). Les hôteliers n’ont d’autre choix que de répercuter ces hausses sur leurs clients.
Dégradation de la qualité de service
De nombreux voyageurs déplorent aussi une baisse de la qualité de service : hôtellerie impersonnelle, personnel sous-formé, activités touristiques banalisées, animations réduites ou devenues payantes… Le rapport qualité-prix, autrefois avantage décisif, s’est effrité. Résultat : les touristes se tournent vers des alternatives perçues comme plus équilibrées, telles que la Grèce, la Croatie ou même l’Albanie.
Qui sont les touristes de Turquie aujourd’hui ?
La répartition des visiteurs est désormais plus éclatée qu’il y a quelques années.
Touristes étrangers traditionnels (Allemands, Russes, Britanniques, Néerlandais) représentent encore une majorité (environ 65-70 %), mais leur part est en repli.
La diaspora turque (notamment issue d’Allemagne, de France et des Pays-Bas) continue de voyager en Turquie, mais avec une attention accrue aux coûts. Elle constitue environ 15 % des entrées.
Le tourisme d’affaires, centré sur Istanbul et Ankara, reste stable mais marginal à l’échelle nationale (moins de 5 %).
Enfin, le tourisme religieux ou culturel, orienté vers Konya, Sanliurfa ou la Cappadoce, connaît une légère progression, notamment grâce aux voyageurs arabes ou iraniens.
Quelles perspectives pour demain ?
La Turquie demeure un pays fascinant, au potentiel immense. Mais pour maintenir sa position dans le peloton de tête mondial, un recentrage s’impose : revalorisation des services, réajustement tarifaire, promotion ciblée sur les marchés fidèles, et surtout restauration de la confiance.
Il ne s’agit pas de céder à la panique, mais de saisir cette crise comme une opportunité de renouveau. Après tout, la beauté d’Istanbul, les mystères de la Cappadoce et la générosité du peuple turc n’ont pas disparu. Il est simplement temps de les remettre au cœur de l’expérience.
Marie-Rose KORO




Merci pour ces informations :-)