« L’amitié franco-turque se nourrit d’échanges humains et culturels »
- Admin LCF
- il y a 2 jours
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Présentation
Nuri Cem ERBAK : Je suis Consul honoraire de France à Bursa depuis 2020. Diplômé du Lycée Galatasaray et de l’ESCP, je suis francophone depuis mes onze ans. J’ai succédé à mon père, qui a exercé la même fonction durant vingt ans. En parallèle, je dirige la stratégie de notre entreprise familiale, Uludağ İçecek.
Mélissa ERDEM AKTÜRK : Je suis chargée des affaires consulaires à Bursa depuis plus de deux ans. Née en France, j’ai déménagé en Turquie en 2018. Diplômée en ingénierie de l’éducation, j’ai travaillé en France comme formatrice de formateurs, puis en Turquie comme interprète assermentée et coordinatrice pédagogique dans une école privée.

L’origine du lien avec la France
Nuri Cem ERBAK : J’ai grandi dans une famille francophone et francophile. Très tôt, nous avons accueilli des diplomates français à Bursa. Je garde en mémoire la visite du Consul général Éric Lebedel en 1996 : une rencontre familiale qui m’a marqué. Mais bien avant cela, la France vivait déjà à la maison à travers la musique, les livres et les dessins animés.
Mélissa ERDEM AKTÜRK : Mon lien est encore plus direct : je suis née et j’ai grandi en France. La langue, l’école et la culture françaises font partie intégrante de mon identité. Mon arrivée en Turquie en 2018 m’a permis de transformer ce double ancrage en force : j’ai pu travailler à la croisée des deux cultures, d’abord comme interprète et aujourd’hui au service consulaire.
Les relations franco-turques à Bursa
Nuri Cem ERBAK : Mon mandat s’appuie sur trois piliers : protéger les ressortissants français, soutenir les échanges économiques et promouvoir la culture via l’Alliance Française. Bursa joue un rôle particulier grâce à Renault, implanté ici depuis 1969, mais aussi grâce à de nombreuses entreprises franco-turques. Côté culture, nous organisons chaque année un festival du film francophone, des concerts et des expositions. Nous avons aussi instauré un pique-nique de rentrée, un moment convivial qui rassemble toute la communauté francophone.
Mélissa ERDEM AKTÜRK : Mon rôle quotidien est d’accompagner concrètement les Français installés à Bursa : démarches administratives, aide en cas d’urgence, ou simple écoute. Je constate à quel point la coopération locale, avec les autorités turques comme avec les associations, facilite les choses. L’Alliance Française est aussi un lieu clé : elle promeut la langue, mais surtout, elle crée un espace de rencontre entre cultures.
Des souvenirs d’amitié
Nuri Cem ERBAK : Je suis frappé par l’effort constant des diplomates français pour apprendre le turc et s’intégrer. Leur respect sincère pour la culture turque est un ciment de l’amitié franco-turque. Je me souviens d’ailleurs d’une phrase de M. Hervé Magro, ancien Consul général à Istanbul puis Ambassadeur de France à Ankara, qui disait avec simplicité : « Türkçeyi sokakta top oynarken öğrendim » (« J’ai appris le turc en jouant au ballon dans la rue »). Cette proximité et cette volonté de se fondre dans la culture locale résument parfaitement l’esprit d’ouverture qui caractérise la relation franco-turque.
Mélissa ERDEM AKTÜRK : Pour moi, le séisme de 2023 a été révélateur. L’association Pont Sans Frontières, à laquelle je participe depuis mes études, a mobilisé une aide humanitaire remarquable. Tous les deux ans, elle organise aussi la participation au marathon d’Istanbul, symbole fort de la rencontre entre Europe et Asie. Je suis également engagée dans Festiculture, qui promeut la culture turque en France à travers des expositions et des événements festifs. Ces deux associations créent des ponts humains et interculturels très concrets.
Des lieux à partager
Nuri Cem ERBAK : J’ai deux coups de cœur : les Alpes, avec leurs paysages et leur gastronomie hivernale, et le VIe arrondissement de Paris, avec ses galeries, ses cafés et le Jardin du Luxembourg. Deux univers très différents, mais qui me sont chers.
Mélissa ERDEM AKTÜRK : Je reste profondément attachée à ma Franche-Comté natale et à Nancy, où j’ai étudié. La première incarne une France authentique, avec ses paysages, son comté et ses vins du Jura. La seconde symbolise le dynamisme étudiant et l’ouverture européenne. Ces territoires m’ont forgée et je m’efforce d’en transmettre l’esprit en Turquie.