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Similitudes entre la langue française et turque.

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    Admin LCF
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Dernière mise à jour : il y a 3 jours

Similitudes entre la langue française et turque.
Similitudes entre la langue française et turque.

On pense souvent que le français et le turc sont des langues très éloignées. Pourtant, elles partagent de nombreuses similitudes lexicales. Cet héritage linguistique n’est pas un hasard : il résulte de plusieurs siècles de relations diplomatiques, culturelles et commerciales entre la France et l’Empire ottoman.


Dès le XVIᵉ siècle, l’alliance conclue entre François Ier et Soliman le Magnifique ouvre la voie à des privilèges commerciaux pour la France dans l’Empire, souvent présentés comme les premières “Capitulations”. Les grands ports cosmopolites d’İstanbul, Smyrne (aujourd’hui İzmir) ou Alep deviennent alors des carrefours d’échanges où circulent marchandises, idées et vocabulaire. Des termes liés à la navigation, au commerce ou à l’art de vivre passent d’une langue à l’autre. On retrouve ainsi en turc bilet (billet), komisyon (commission) ou liman (port).


Au XIXᵉ siècle, l’Empire ottoman engage les réformes du Tanzimat (1839-1876) afin de moderniser son administration, son armée, son système éducatif et son droit. Pour traduire des concepts nouveaux, on emprunte massivement au français, alors perçu comme la langue de la modernité. Le vocabulaire militaire, administratif ou scolaire s’enrichit de mots tels que şoför (chauffeur), proje (projet), banka (banque), rapor (rapport), asansör (ascenseur) ou encore televizyon (télévision).


Le français s’impose aussi comme langue des élites ottomanes et de la diplomatie. La fondation en 1867 du lycée de Galatasaray en fait un haut lieu de diffusion de la culture française. À la fin du XIXᵉ siècle, on estime que plusieurs millions de personnes parlent ou comprennent le français, y compris le sultan.


Au quotidien, l’influence s’ancre dans des domaines variés. Dans la gastronomie, on retrouve kruvasan (croissant), puding (pudding), likör (liqueur). Dans la mode, le turc reprend bluz (blouse) et manto (manteau). Dans la vie culturelle, on retrouve tiyatro (théâtre), balkon (balcon) ou piyano (piano). La plupart de ces mots ont été adaptés à la phonétique turque, tout en conservant leur origine.


Aujourd’hui encore, même si l’anglais a pris le relais comme langue internationale, l’influence française reste forte. On compte environ 5000 mots d’origine française en turc, soit près d’un tiers des emprunts étrangers, dont beaucoup restent utilisés au quotidien, parfois sans que les locuteurs aient conscience de leur provenance.


Ces similitudes rappellent que la langue est le reflet des échanges humains : diplomatie, commerce, culture et éducation laissent des traces durables. Étudier ces emprunts, c’est redécouvrir une histoire commune de coopération et mesurer combien le français a contribué à façonner une part de l’identité linguistique moderne de la Turquie. 


Leeloo Toullet

Université de Caen Normandie-Galatasaray



Sources :

  •  Gümüş, Hüseyin. Le français dans les territoires de l’Empire Ottoman. Synergies Turquie, n°2, 2009.

  • Pamukcu, Gülden. Les mots empruntés aux langues étrangères en turc et leurs effets positifs et négatifs sur la langue et la culture turques dans le cadre de la relation langue-culture. Epistémè, vol. 29, 2023.

  • Türk Dil Kurumu (TDK). Güncel Türkçe Sözlük. Ankara, 2005.

  • Wikipedia. (n.d.). Capitulations of the Ottoman Empire.

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